La prise en charge, sevrage et accompagnement.
- Anthony Bourdillat
- 3 sept. 2024
- 7 min de lecture
Etre aimant, bienveillant et patient

La personne souffrant d'une addiction vit un conflit solitaire, les proches souffrent aussi et les soignants se sentent impuissants, il est si difficile de venir en aide à celui qui ne veut pas se soigner.
Entre déni de la situation, celui qui refuse d'admettre qu''il a perdu le contrôle, qu'il n'est plus à "faire le choix de" mais "dans le besoin de". L'alcool, le tabac, comportement alimentaires (boulimie) sont tellement banalisées, vu comme quelque chose de "normal", comment reconnaitre/admettre que ce n'est plus "normal" ?
Mais aussi pour les proches : des appelles "à l'aide" parfois balayés et minimisés par "c'est normal", " ça va passer".
C'est reconnaitre que l'on a besoin d'aide, que la situation nous échappe, entre sentiment de faiblesse et de maladie psychique.
Les troubles psy sont toujours tres mal vu, cette vision du passé d'être possédé par le mal et d'une certaine façon pour l'addiction, c'est bien une forme de possession. Cette voix qui souhaite arrêter, réduire car on se rend compte du changement, de l'effet néfaste, l'agressivité, le manque, l'isolement que l'addiction induit et cette autre voix qui nous dit que c'est la seule solution pour nous soulager, que rien d'autres nous permettra de se sentir aussi bien ! Toujours tiraillé dans cette ambivalence de vouloir reprendre le contrôle et la soumission, l'abandon.
C'est accepter de passer par une épreuve de changement particulièrement difficile !
Comment deployer autant de force, de courage quand tout notre être semble en être dépourvu ? Comment prendre la décision de souffrir encore plus, dans l'espoir d'aller mieux, alors que l'espoir nous manque...
Echanger verbalement
Pour les aidants/proches, il est cruciale de parler avec des spécialistes, peut-être également avec des "abstinents", pour tenter de comprendre cet enfer.
Car notre cerveau n'est pas fait pour comprendre des schémas non présent dans notre conscience, comment comprendre des choix différant de notre façon de penser ?
Ainsi en politique on ne peut comprendre les choix des opposants, comme comprendre comment un être peut perdre le contrôle et devenir violent, tuer un autre.. se suicider... cela nous semble "impossible", "invraisemblable" et pourtant....
Pour les sujets addictes, échanger avec les autres sans avoir peur du jugement, d'un regard de pitié ou je ne sais est vitale !
Car il s'agit bien d'être aidé et non d'être jugé ! De ne pas alimenter ce sentiment d'être incompris, ne pas être "entendu".
Pour eux pouvoir parler en toute liberté, confiance. C'est prendre conscience, verbalisé à voix haute la situation, de sa perte de contrôle, sa fréquence et de donner de la force à cette voix qui nous supplie d’arrêter ! Verbalisé à voix haute les sentiments de souffrance, permettre qu'elle soit entendue, par les autres mais resonne aussi plus intensément dans la conscience de l'addicte.
C'est d'accepter de ne plus se mentir, car on minimise toujours la situation pour nous faire croire que l'on à encore le contrôle, se dire que ce n'etait pas si terrible. Mais se confier, c'est noter, avoir une personne qui pourra nous ouvrir les yeux sur la réalité, nous rappeler à quel point c'était terrible et dire en toute bienveillance "bon tu as merdé, ok.... mais pourquoi est-ce que tu as craqué ? quels sont les pensées que tu as eu avant et apres ? raconte moi ce qui c'est passé, as tu pris des risques ? lesquels ? les conséquences ? en quoi je pourrais t'aider ?" En sachant que la seule aide sera celle là, d'écouter, être présent, être le script de ses états d'âmes.
Garder un discours qui pourra permettre à l'addicte de reprendre le contrôle, le choix. Car, là aussi, on peut être tenté d'imposer le changement, médicaliser de force. Avoir un discours "ça suffit ! tu dois arrêter" mais au final c'est forcer, imposer l'autre donc le soustraire ENCORE à sa volonté, de choisir !
La définition de l'addiction est ainsi actuellement recentrée sur la perte de contrôle et non sur la notion de plaisir. Prendre le contrôle sur l'autre ne pourra donc en rien aider et soigner l'autre !
Encourager
Féliciter la personne sur ses efforts, même les plus "petits".
La personne à reussi à se limiter, partir plus tôt, éviter un risque (ne pas prendre la voiture,...), ... soulignez le ! ça semble normal, mais c'est déjà potentiellement un effort énorme.
Cotoyer les centres d'addictions
Se rendre dans les associations sera sans aucuns doute le meilleur accompagnement, cela permettra d'entendre l'expérience des autres mais aussi et surtout de ceux qui ont réussi à y faire face, à s'en sortir.
Entendre le parcours et redonner l'espoir de pouvoir y arriver.
Avoir des conseils sur le comment y faire face et de l'aide dans ce cheminement si éprouvant, où les rechutent sont nombreuses.
Se protéger
Choisir d'être aidant, ne peut se faire qu'avec une stabilité psychique parfaite.
C'est accepter de rentrer parfois en conflits avec cette force maligne de l'addiction.
De faire face à un comportement agressif verbalement et physiquement, c'est ce même schéma que l'on rencontre dans le comportements des jeunes en cité, des suicidaires : Quand on à l'impression de ne plus avoir de pouvoir, de possibilité de choisir, le dernier qui nous reste et qu'on ne peut enlever, c'est le choix de détruire. Cette action qui nous donne l'impression qu'on à encore du pouvoir et de la force. Un dernier acte où nous sommes décisionnaire de notre vie.
De rappeler que d'autres voies sont possibles pour sortir de cette situation.
Cette stabilité parfaite qui vous permettra de ne pas céder à la tentation à votre tour !
Car pour l'accro, sa meilleure défense sera "tu ne peux pas comprendre", "tu ne connais pas".
Face à cette défense, deux mécanismes s'actionnent : celui de rejeter l'autre efficacement pour ne pas faire l'effort du changement. Et une attitude un peu perverse de faire consommer l'autre, ralier l'autre à sa cause plutôt que de suivre l'autre, donnant un sentiment de reconfort et sortir de l'etat de solitude, rejet.
Avoir la force de ne pas succomber et inviter l'autre à nous expliquer pour comprendre. Plutôt que de tester pour comprendre.
Le Sevrage
Le patient accepte de faire un sevrage et devient patient.
Terme médical pour définir la personne prise en charge, mais aussi : celui qui supporte l'attente avec calme / qui persévère avec constance dans son effort. Car oui le patient devra faire preuve de patience et de constance.
Prendre la décision d'en sortir c'est faire le choix de devenir abstinent, changer son mode de vie, changer son entourage (car bien souvent on a troqué les amis avec des partenaires de consommations/addictions).
De faire le tri avec tout ce qui nous lie avec notre addiction..
Dans certains cas (alcool, tabac,...) réduire la consommation pourra être un palier pour arriver à l'abstinence, dans la majorité il faudra l'être en totalité et dès le début !
Pour ce faire, un accompagnement pharmacopée sera nécessaire pour aider au sevrage et l'équilibre chimique organique et nerveux.
Un soutien psycho social, qui pourra être trouvé dans les centre addictologie, afin de trouver le soutien pour atteindre ses objectifs, mais aussi de trouver les aides sociales pour se réintégrer, aides financières, et parfois pour retrouver un travail.
Une psychothérapie sera dans la plupart des cas inévitables, pour corriger la réponse de l'addiction par un comportement plus sain. Faire un travaille sur les événements de notre vie qui ont été favorable à cette addiction.
Il n’existe pas de « recette » magique. La prise en charge est souvent longue et semée de rechutes. Le succès dépend essentiellement de la motivation du patient à se sevrer, puis de l’amélioration durable de ses conditions de vie et de son estime de soi : trouver un emploi, mener des activités, avoir des centres d’intérêt, trouver un rôle et une utilité dans la vie sociale. Les groupes de parole (Alcooliques Anonymes, Alcool-Assistance, Croix Bleue, Addiction alcool Vie libre, Narcotiques anonymes…) ont une grande importance pour y parvenir. Ils offrent un soutien majeur, pendant et après le sevrage, grâce aux échanges d’expériences de personnes qui ont vécu le même type de parcours.
Phytothérapie
Pour les cas les moins importants (ou pour sur un premier pas).
La Phytothérapie peut aider, l'addiction joue sur les neurotransmetteurs et donc la chimie interne du corps, les plantes et la nourriture peut permettre de travailler dessus :
L'aubépine : régule la tension artérielle (éviter les palpitations du au manque et nervosité)
Le figuier : apaise et régule le systeme nerveux sur le stress
La griffonia 5HTP : équilibre le systeme nerveux et la sérotonine (dépression)
La L-Tyrosine : Contribue à la synthèse de l'adrénaline, noradrénaline et dopamine (retrouver motivation et joie de vivre)
Le Millepertuis : équilibre nerveux et état dépressif
Le kudzu : La plante des addictions pour aider au sevrage.
Le Triphala : éliminer les toxines du corps
La Melatonine : pour aider à l'endormissement
Un complément de vitamines B3 et B5 pourra aussi aider au système nerveux, motivation, raisonnement, contentration,...
Passer par le corps :
Pour déprogrammer la réponse addictive certaines méthodes peuvent être utilisées comme :
L'hypnose
L'EMDR
Pour apaiser le corps, les tensions nerveuses et éviter les crises
La méditation : Faire le vide, réguler sa respiration et ses angoisses
Le Shiatsu : Régule le rythme cardiaque, soulage les crispations nerveuses. Permettre de ressentir son corps, sentir le contact d'une main bieveillante qui s'occupe de nous.
Le chi nei tsang (permettra en plus d'évacuer plus efficacement les toxines)
Faire du Sport : Eliminer les toxines, évacuer le trop pleins, participe à la motivation et bien-être
Renforcer l'esprit
L'acupuncture renforcera la motivation et retrouver la force de choisir
Planifier des activités, des rendez-vous :
Le fait d'avoir des impératifs motivera à être clean, s'occuper pour ne pas s'ennuyer et céder à la tentation...
Les rendez-vous avec les associations, les psy et autres thérapeutes sont déjà un bon début en ce sens.
Sur le même sujet : (article Inserm)
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